PV de CSE sous IA : quels retours d’expérience ?
Le PV de CSE n’est pas un simple compte rendu de réunion. Une fois approuvé, il a une valeur juridique et doit pouvoir être consulté par l’ensemble des salariés. Sa production est exigeante. Le direct du 27 février organisé par Miroir Social a permis à deux secrétaires de CSE de partager leurs retours d’expérience. Voici donc ce que l’on peut retenir.
L’IA pour rédiger les PV : une solution encore imparfaite
L’intelligence artificielle fait parler d’elle, notamment pour aider à rédiger les PV de CSE. Peut-on vraiment compter sur un « PV automatique » ? Pas encore.
Bien que l’IA peut faciliter le travail en proposant un premier tri des informations, elle reste limitée pour capter toutes les nuances des débats, qui durent souvent plusieurs heures.
Jan Czernichowski, fondateur de Yabuko, coopérative spécialisée dans la rédaction de PV de CSE, avertit cependant : « L’IA a tendance à lisser les échanges et à manquer de précision. Un bon rédacteur acquiert son expertise après plusieurs années d’expérience. Il est capable de livrer un PV fiable rapidement. »
La tentation de l’IA
« Nous testons sur des réunions de conseils municipaux et lors de nos réunions internes. La capacité de synthèse des de IA générative est encore trop générale mais cela va progresser. On ne va pas avoir toutes les aspérités qu’il y a dans une réunion politique où il y a des personnes qui ne sont pas d’accord entre elles. Et l’IA, pour le moment, a tendance à aseptiser sans être vraiment capable de saisir les nuances. Ce qui peut être acceptable pour une synthèse de réunion opérationnelle ne l’est pas pour un PV de CSE qui a une valeur juridique », considère Jan Czernichowski. Il défend notamment le métier : « C’est au bout de 3-4 ans qu’un bon rédacteur de PV de CSE devient précis et rapide. Un profil expérimenté est quasiment capable de proposer le compte-rendu à la sortie de la réunion du CSE. Ce sont des rédacteurs en temps réel et ce sont des compétences rares ».
Coût et délais de rédaction
Sur le marché, on facture entre 120 et 150 € l’heure de réunion de CSE pour des PV livrés en moyenne en 6 jours (entre 2 et 4 heures de travail par heure de réunion). Le rendu peut se faire en moins de 48 heures ou même 24 heures, au prix d’une majoration tarifaire.
« Nos solutions répondent aux besoins des élus en matière d’ASC et nous mesurons très bien l’importance des PV de CSE qui actent des décisions, tant du côté des ASC que des AEP. C’est tout le sens du partenariat avec Yakuko « , souligne Yann Le Guennec, Directeur Général Exécutif de Up Kalidea. Les prestataires du marché du PV de CSE ne peuvent ignorer le potentiel des IA mais avec des règles du jeu qui se doivent d’être claires. « Nous nous interdisons de tester les IA sur les réunions de nos clients. Il s’agit d’être très transparent sur les conditions de traitement des données », précise Jan Czernichowski.
Une IA utile pour des synthèses, mais pas pour les PV complets
Chez Veolia, les élus utilisent une IA sécurisée pour résumer des documents techniques, mais pas pour retranscrire l’intégralité des débats. « Un PV doit être précis, pour suivre l’évolution des réponses des directions », explique Florencio Martin, secrétaire CFDT chez Veolia.
Dans certains CSE, une synthèse rapide est mise à disposition des salariés avant validation du PV final, comme chez Exide Technologies. « L’IA aide à communiquer plus vite , mais elle ne remplace pas la rédaction du PV », précise Salvatore Caputo, d’Exide Technologies.
En revanche, certaines entreprises ont constaté une dégradation de la qualité de leurs PV lorsque des prestataires ont utilisé l’IA sans les en informer. C’est le cas du CSE de Gevers, où les erreurs d’interprétation et le manque de nuance ont posé un problème. « Nous avons interdit l’usage de l’IA avec notre nouveau prestataire et la qualité est bien meilleure », témoigne Cathy Bugot, secrétaire UNSA du CSE de Gevers.
L’avenir de l’IA dans les CSE reste à écrire
Les élus de CSE expérimentent donc les IA en étant bien conscients du temps que prend la validation d’un PV. Le gain de temps n’est pas aujourd’hui flagrant. D’autant plus que l’IA ne peut pas grand-chose pour fluidifier un processus d’approbation qui dépend exclusivement du facteur humain. « Plus les interventions en CSE sont préparées en amont et plus le PV sera qualitatif et intéressant », note Cathy Bugot.
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